Bérézina neuchâteloise au concours des vins suisses

Les vins neuchâtelois sont absents du palmarès du Grand Prix des vins suisses 2024. Une déception d’autant plus grande qu’ils s’étaient distingués l’année précédente.

Dans le vocabulaire sportif, où l’hyperbole est reine, on parlerait de bérézina. Les vins neuchâtelois ne sont pas représentés parmi les 92 finalistes du Grand Prix du vin suisse 2024, dont le palmarès sera dévoilé le 18 octobre prochain à Berne.

Dans les quinze catégories du concours (par cépage, assemblage, etc.), les vins valaisans se taillent la part du lion avec 50 finalistes. Une domination inédite pour le plus grand vignoble du pays. La performance neuchâteloise est d’autant plus décevante que l’édition 2023 du concours avait tout particulièrement souri aux vins du cru.

Les champagnes de vignerons, au bonheur des bulles

Dans l’ombre des grandes maisons, les récoltants-manipulants proposent des cuvées qui sortent des sentiers battus. L’éclairage d’un expert, Tzvetan Mihaylov.

Les producteurs de champagne, c’est comme le bonheur: il y a les petits et les grands. Depuis un quart de siècle, les petits ont la cote, avec leur propension à sortir des sentiers battus (par les grands) et à montrer la voie, notamment pour promouvoir une viticulture respectueuse de l’environnement. Un domaine dans lequel la Champagne a longtemps été en retard.

Les petits? Les vignerons, appelés récoltants-manipulants, qui cultivent le raisin, font la vendange, élaborent leur champagne et le commercialisent eux-mêmes. «L’émergence de ces artisans s’inscrit dans un retour à la notion de terroir, en réaction à la toute-puissance des marques, analyse Tzvetan Mihaylov, ambassadeur suisse du champagne 2011. Ce sont avant tout des viticulteurs qui sont revenus à la source: la production de beaux raisins.»

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Les pinots noirs neuchâtelois au sommet du vin suisse

Après le titre national de la Cave des Lauriers, le domaine des Landions a remporté une dégustation mêlant des vins de référence issus de tout le pays. Compte-rendu de dégustation.

Les connaisseurs le savent bien: le pinot noir trouve à Neuchâtel des conditions idéales pour son épanouissement. Il se sent particulièrement à l’aise sur les sols calcaires du Littoral, son climat tempéré par la proximité du lac, qui atténue les rigueurs de l’hiver et les canicules estivales. Jusqu’ici, le cépage bourguignon a profité du réchauffement climatique, avec des maturités plus régulières de millésime en millésime. Le profil des vins reste le plus souvent frais, avec une belle expression du fruit.

Le lien privilégié entre Neuchâtel et le pinot noir a été souligné cette année avec le titre national remporté le 6 octobre dernier par la Cave des Lauriers, à Cressier, lors du Grand Prix du vin suisse à Berne (GPVS). Il a été confirmé deux semaines plus tard par une dégustation à l’aveugle organisée par «ArcInfo» au restaurant la Halle des sens, à La Chaux-de-Fonds. En compétition: 16 vins issus de toutes les régions de Suisse (sept cantons représentés), dont 14 élevés en fûts de chêne et issus du très beau millésime 2020.

On craque pour… un räuschling à l’accent vaudois

Dans le millésime 2021, le räuschling vom Rheinfall est est discret au nez, sur des arômes de fleur d’hibiscus et d’agrumes mûrs.

A Changins, l’école d’œnologie forme des diplômés de haut niveau, dont une moitié d’étudiants venus de l’étranger attirés par son excellente réputation. C’est aussi un lieu de vie où se sont nouées de nombreuses relations amoureuses. C’est là que la Zurichoise Nadine Strasser a rencontré son futur époux, le Vaudois Cédric Besson. En 2004, diplômes en poche, le couple s’établit à Laufen-Uhwiesen (ZH), à deux pas des chutes du Rhin, pour seconder les parents de Nadine, qui gèrent le domaine familial depuis 1984.

On craque pour… un räuschling à oublier en cave

La famille Schwarzenbach constitue une référence incontournable pour tous les amateurs de cépages autochtones zurichois.

La famille Schwarzenbach cultive le cépage identitaire zurichois depuis cinq générations et dispose d’une réserve unique de vieux millésimes. Le räuschling Seehalden, cuvée parcellaire, a été sélectionné par l’association Mémoire des vins suisses pour son grand potentiel de garde. En 2015, j’ai eu la chance de participer à une dégustation de vieux millésimes du domaine: j’avais été impressionné par le 1964 et le 1995, encore en pleine forme, à la fois subtils et complexes.

Le Valais au sommet du hit-parade des chasselas romands

Souvent arraché, le fendant sait encore séduire, comme le montre une dégustation à l’aveugle de 16 cuvées issues du très difficile millésime 2021.

Plus le chasselas recule, plus il progresse. Cela peut sembler contradictoire, mais c’est une réalité objective. En 2021, le cépage identitaire de la Suisse romande recouvrait 3570 des 14 600 ha du vignoble helvète, contre 6 700 ha en 1986, soit une baisse de plus de 50%. 

Près de 1000 ha ont disparu ces quinze dernières années, dont une grande partie en Valais, avec le soutien de primes à l’arrachage versées par la Confédération. Ce recul spectaculaire a coïncidé avec un saut qualitatif favorisé par les progrès œnologiques, mais aussi par la nécessité de faire face à la concurrence accrue des vins blancs étrangers. Longtemps confiné dans le rôle de vin de soif, le chasselas a appris à se faire désirer. 

Des bulles et de l’écume

Les blanc de blancs accompagnent parfaitement les plats de fruits de mer et les poissons. Ma sélection de six cuvées coup de cœur.

Le champagne est multiple, protéiforme, prêt à affronter tous les défis. Traditionnellement issu d’un assemblage entre le pinot noir et le pinot meunier, à peau noire, et le chardonnay, à peau blanche, il se décline aussi en monocépage. Lorsqu’il est tiré du seul chardonnay, où d’autres cépages blancs plus rares, on parle de blanc de blancs. Il s’agit alors d’un vin friand à la bulle fine et aérienne. Parfait à l’apéritif, il accompagne aussi très bien les coquillages, crustacés et autres plats de poisson. Sélection de six cuvées éclectiques produites par des vignerons indépendants et de grandes maisons.

«Le champagne peut accompagner tous les plats»

Ambassadeur suisse du champagne en 2011, Tzvetan Mihaylov est un érudit passionné qui connaît tous les secrets du célèbre effervescent.

Tzvetan Mihaylov est un converti tardif au champagne et fait donc partie des plus assidus. En 2009, en charge d’un cours sur le vin à la IHTTI School of Hotel Management de Neuchâtel, il commence à étudier la thématique de ce vin qui pétille. Et se rend compte que plus il creuse, plus il a à apprendre. Amoureux du produit et de la région, il se spécialise au point de devenir en 2011 ambassadeur suisse du champagne. Ce titre couronne le vainqueur d’un concours annuel qui exige de connaître tous les secrets du célèbre vin effervescent. Interview: