Syrah Quintessence 2009, Benoît Dorsaz

Une grande syrah valaisanne dégustée lors de la Mémoire des vins suisses, association qui valorise le potentiel de garde des meilleures cuvées du pays

Ce qui détermine la qualité d’un grand vin? Sa capacité à vieillir. C’est une règle universelle, mais elle a du mal à s’imposer en Suisse, où la plupart des vins sont bus dans l’année. Créée en 2002, l’association Mémoire des vins suisses, ou MDVS, s’engage pour changer les choses en valorisant le potentiel de vieillissement d’une cinquantaine de cuvées triées sur le volet.

Giorgio Rossi, l’ambassadeur de la bondola

Très délicat, le cépage a longtemps été hégémonique dans le nord du Tessin, avant d’être remplacée par le merlot. Le vigneron de Sementina en a fait une spécialité appréciée.

C’est un cépage rouge rustique et mystérieux, très peu connu en dehors des frontières tessinoises. Longtemps populaire, la bondola a été arrachée massivement pour être remplacée par du merlot, devenu le cépage roi dans le canton. «Dans les années 1950, elle recouvrait encore plus de 50% du vignoble du Sopraceneri, dans le nord du canton», raconte Giorgio Rossi, patron de l’Azienda Mondo à Sementina, près de Bellinzone. «C’est un raisin qui pourrit facilement, avec une peau très fine. Il n’est pas facile d’arriver à maturité avec une vendange saine. Beaucoup de vignerons l’ont abandonné pour cette raison.»

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Electus, les promesses déçues

Lancé en 2013, le premier vin « icône suisse » n’est pas à la hauteur de ses ambitions, comme l’a montré une dégustation des trois premiers millésimes.

Il s’appelle Electus. L’élu, en latin. C’est le premier vin « icône suisse » lancé par Provins en septembre 2013. A l’origine, cet assemblage de cornalin, humagne rouge, cabernet sauvignon, diolinoir et merlot issu des meilleurs parchets de la coopérative valaisanne était destiné exclusivement à l’export. Avec un prix de 249 francs inédit pour un vin suisse, il avait l’ambition de se positionner comme un produit de luxe et régater avec les Supertoscans et les crus classés bordelais.

Cinq ans plus tard, le bilan est mitigé. J’ai pu le constater fin mars lors d’une dégustation des trois premiers millésimes d’Electus organisée à Sion lors de la rencontre annuelle de la Mémoire des vins suisse. Le programme comprenait également la dégustation de la cuvée « sœur » d’Electus, Eclat, un assemblage blanc d’arvine et de savagnin blanc, ainsi que des vieux millésimes de chez Provins. Parmi eux, un Ermitage 1980 et une Dôle 1976 du domaine de l’Evêché absolument bluffant.

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Anne-Claire Schott, l’art de la vigne

La viticultrice de Douanne, au bord du lac de Bienne, a étudié l’histoire de l’art avant de reprendre le domaine familial, en 2016. Un parcours qui rejaillit sur une production en rupture avec la tradition, avec notamment la création de deux cuvées conceptuelles bluffantes. Rencontre

Dans les vignes en terrasse qui dominent le lac de Bienne, Anne-Claire Schott se sent parfaitement dans son élément. «J’aime la nature, le lien avec la plante, souligne la trentenaire avec enthousiasme. J’aime aussi le travail manuel. Depuis que j’ai repris le domaine familial, début 2016, je cherche à valoriser cet artisanat: ici, on fait tout à la main. Avec notre vignoble en pente structuré par des murs de pierre sèche, c’est dans l’ordre des choses.»

Gamay 2016, domaine du Petit Château

En carafe, un gamay du Vully fribourgeois qui séduit par sa belle palette aromatique

Fabrice Simonet fait partie de la nouvelle génération des œnologues suisses. Depuis 2010, année depuis laquelle il s’occupe des vinifications du domaine familial du Vully fribourgeois, il cherche sans cesse à progresser.

Des efforts ont été consentis à la cave, où il a apporté son regard nouveau en développant des cuvées rouges haut de gamme. Avec son frère Stéphane, chef de culture, il a également poussé pour le renouveau à la vigne: la totalité des 9 hectares du domaine est en conversion en biodynamie. Une démarche qui, pour eux, constitue une évidence.

 

Viognier 2015, Terres de Lavaux

En carafe, un viognier de Lavaux élevé en barrique, à la fois riche et élégant.

Région de tradition viticole, Lavaux sait se réinventer. Terres de Lavaux est l’incarnation de cette capacité à évoluer avec son temps: en 2012, la société anonyme a remplacé l’ancienne Viticole de Lutry, coopérative créée en 1906. Cette transformation de raison sociale a coïncidé avec un changement d’image et des moyens supplémentaires pour la promotion. Car faire du bon vin, c’est bien. Encore faut-il le faire savoir.

Marie-Thérèse Chappaz: «On peut cultiver la vigne sans produits de synthèse»

La vigneronne de Fully soutient l’initiative populaire qui vise à interdire les pesticides et généraliser l’agriculture biologique. Un engagement que celle qui a été nommée «icône du vin suisse» explique par sa volonté farouche de protéger la nature.

En vingt ans, Marie-Thérèse Chappaz s’est imposée comme la référence de la viticulture suisse. Pour la grande qualité de ses vins, mais aussi pour sa générosité et son authenticité. En février, elle a été sanctifiée par Stephan Reinhardt, qui travaille pour The Wine Advocate, revue spécialisée crée par Robert Parker. Le dégustateur allemand lui a octroyé la note de 99 sur 100 pour deux de ses vins liquoreux, la qualifiant de «Romanée Conti de la Suisse».

Les Grains nobles, un patrimoine valaisan

Les célèbres vins liquoreux du Vieux pays traversent une passe délicate. Mais pas de quoi s’inquiéter pour leur pérennité, assure le nouveau président de la Charte, Robert Taramarcaz.

Des consommateurs de moins en moins portés sur les produits sucrés. Des millésimes récents peu favorables au développement du fameux botrytis cinerea, qui leur donne patine et complexité. Les vins liquoreux valaisans de la Charte Grain Noble confidentiel traversent une période difficile après le boom de la première décennie des années 2000. Mais pour Robert Taramarcaz, qui a pris l’an dernier la succession d’Emmanuel Charpin à la présidence de la charte, il n’y a pas lieu de s’inquiéter: « On ne peut pas comparer la situation valaisanne avec les vins de Sauternes, par exemple. Aucun de nos membres n’imagine faire recette avec ce type de vins, qui représente une part infime de chaque production. L’objectif est de réaliser un vin doux de rêve malgré les caprices du temps… C’est un véritable défi, c’est pour cela que nous sommes si «ConfidenCiel»! »

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Mimi, Fifi & Glouglou, ou les vertiges de la dégustation

L’illustrateur et bédéiste Michel Tolmer possède un talent rare pour croquer les obsessions universelles des fous de la dive bouteille. Avec trois héros qui ne boivent pas trop, mais tout le temps

-Bon, qu’est-ce qu’on boit maintenant?
-Et si on goûtait un bordeaux?
-Un bordeaux? Il y a des limites à la vulgarité!
-Ha, ha, ha, du vin de compagnie d’assurances. S’il y avait un terroir à bordeaux, ça se saurait.
-J’allais vous proposer Palmer 89, mais je suppose que ça ne vous intéresse pas?
-Bôh, fais goûter quand même…. Faut pas être sectaire…

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Jean-Daniel Giauque, l’attrait de la terre

Le patron  du domaine du Signolet, à La Neuveville, a décidé de changer son fusil d’épaule en réduisant sa production de manière drastique. Rencontre avec un homme passionnant et passionné.

Avec Jean-Daniel Giauque,  on ne sait jamais à quoi s’attendre.  L’homme est chaleureux, passionné, mais aussi imprévisible, selon l’humeur du jour. Quand il  est en forme, le vigneron de La Neuveville est intarissable: ce jour de décembre 2017, installé au coin du feu de sa cave, il reconnaît avoir traversé récemment une période difficile. « Je dispose de 5 hectares de vigne, dont 3,5 en propriété.  C’est  beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de pression pour vendre du vin en bouteille. Je n’ai plus envie. J’aime travailler la terre.  Vendre, ce n’est pas mon truc. Je n’aime pas ça. »

Du coup, Jean-Da, comme  on l’appelle couramment au bord du Lac de Bienne, a décidé de réduire sa production. Désormais, il entend vendre entre 2000 et  4000 bouteilles  positionnées dans le haut de gamme pour une clientèle d’habitués,  privés et restaurants. Une baisse drastique. « Dans le passé,  je  commercialisait de 40 000 à 50 000 bouteilles par millésime, précise-t-il. Je n’ai plus  l’énergie nécessaire. »

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