Chardonnay Parcelle 902, domaine de la Ville de Morges

Ce domaine historique de La Côte a su saisir le pouls de son époque avec une gamme de vins « natures »

Créée en 1547, l’exploitation de la Ville de Morges a longtemps eu mauvaise réputation. Grâce à Marc Vicari, son nouveau directeur, et à sa transformation en société à responsabilité limitée, elle a pris un nouveau départ en 2013.

Le nouveau responsable est reparti de zéro. Pour les vinifications, il a fait appel à un œnologue-conseil reconnu, Fabio Penta. Souhaitant faire le pas de la biodynamie, il a engagé comme chef vigneron Corentin Houillon, un jeune diplômé originaire d’Arbois qui a de qui tenir: il est le neveu d’Emmanuel Houillon, qui a repris le domaine de Pierre Overnoy, pionnier dans la production des vins «nature» (sans soufre et sans intrants) dans le Jura français.

Grand tasting gamay: le palmarès

La réputation du cépage d’origine bourguignonne pâtit encore de l’image industrielle qui lui colle à la peau. Du Valais à Genève, des vignerons le bichonnent et proposent des vins de haut niveau, ce que montre le palmarès d’une dégustation comparative

Le gamay souffre encore trop souvent de l’image peu reluisante du mauvais élève qui s’isole au fond de la classe pour se faire oublier. Celui qui est systématiquement choisi en dernier lorsqu’il s’agit de faire les équipes à la leçon de gym. Pourtant, comme le prouvent chaque année de nombreux vignerons, le «petit» cépage typique du Beaujolais a beaucoup d’atouts à faire valoir. Mais comme il est productif, sensible et délicat, il faut lui accorder beaucoup d’attention pour qu’il puisse s’exprimer pleinement.

L’œnologue qui murmure à l’oreille des vignerons

Le Vaudois Fabio Penta s’est imposé comme une des références en matière de conseil œnologique en Suisse. Dans l’ombre, il œuvre dans plusieurs domaines prestigieux. Rencontre

Quand il parle de son métier et de sa passion du vin, Fabio Penta rayonne. Un comble pour un homme de l’ombre qui ne communique pas le nom de ses clients: dans le milieu viticole helvète, on assume difficilement de faire appel à un œnologue-conseil pour améliorer la qualité de ses vins. La situation est très différente dans le Bordelais, par exemple, où le recours à des consultants comme Michel Rolland ou Stéphane Derenoncourt constitue un argument de vente. Mais c’est un autre monde: les deux hommes jouissent d’une renommée internationale et encaissent des cachets juteux – le premier utilise un chauffeur pour tous ses déplacements.

Ambassadeur des Domaines Blanc 2016, Nouveau Salquenen AG

Diego Mathier a écrasé le Grand Prix des vins suisses 2018, démontrant une nouvelle fois son art de l’assemblage.

En novembre 2011, Le Temps publiait un portrait de Diego Mathier titré «L’ogre du vin suisse». L’image colle toujours parfaitement à la peau du vigneron de Salquenen: il n’a pas perdu son appétit légendaire, bien au contraire.Déjà titré meilleur vigneron de Suisse en 2007 et 2011, il a de nouveau remporté le titre suprême du Grand Prix du vin suisse en octobre 2018. Un triplé acquis grâce à une domination inédite: le polyglotte diplômé de la HEC Saint-Gall est monté à huit reprises sur le podium, remportant trois catégories (autres cépages blancs purs, assemblage blanc et assemblage rouge), le Prix du meilleur pointage du concours et en plaçant plusieurs vins aux 2e et 3e places.

Les Cailloutis 2016, domaine des Landions

Diplômé HEC et œnologue, Morgan Meier produit des pinots noirs de haute couture

En un peu plus de trois ans, Morgan Meier s’est fait un nom dans le petit monde des vins suisses. Avec une identité très forte qu’il doit à une production entièrement dédiée au pinot noir. Un cépage qui fait partie de l’ADN du Neuchâtelois de 29 ans, diplômé HEC puis formé à l’œnologie à Dijon. Son père, Denis, ingénieur agronome et pépiniériste, a sélectionné pendant deux décennies les clones les plus qualitatifs sur le domaine familial de 25 hectares. Il vendait le raisin, ce que son fils continue à faire pour les trois quarts de la production.

La spectaculaire revanche du rosé

Longtemps décrié, le vin à la robe saumonée connaît un succès sans précédent, dopé par l’intérêt du marché américain. La Provence, qui lui dédie la quasi-totalité de son vignoble, profite de cet engouement avec des prix qui ne cessent de grimper

C’est une lame de fond couleur saumon qui emporte tout sur son passage, bousculant les codes du marché viticole. Longtemps méprisé, confiné à l’apéro et aux grillades estivales, le vin rosé jouit d’une cote de popularité inédite, portée par la forte croissance de ses ventes sur le marché américain. En 2018, l’AOC Côtes-de-Provence, la référence mondiale en la matière, a exporté 37% de sa production contre seulement 7% en 2010. Les exportations ont aussi crû en valeur, avec une hausse de 715% (!). Un succès ahurissant pour une région qui consacre 90% de ses 20 000 hectares de vignes à la production de rosé.

Partout, ce qui a longtemps été considéré comme un petit vin de soif gagne des parts de marché. C’est le cas aux Etats-Unis, où la tendance s’accentue année après année, mais aussi en France, à la fois plus grand producteur et plus grand consommateur de rosé. Plus de 30% de la production nationale, contre 10% il y a vingt ans, est désormais imputable au rosé. Un développement spectaculaire qui touche le sud du pays, mais aussi les autres régions viticoles. La vague a même atteint la très aristocratique Champagne, où les ventes de bulles à la couleur rosée ont doublé en dix ans.

Quand la Rioja s’inspire de la Bourgogne

La région viticole espagnole vient de créer le label Viñedos Singulares pour consacrer la singularité de ses meilleurs terroirs. Une petite révolution pour l’appellation de tradition née en 1926.

Les Helvètes adorent le rioja – la Suisse est le quatrième marché pour l’appellation espagnole. Mais ils l’achètent avant tout en supermarché, souvent à prix réduit. Il est extrêmement rare de trouver des références sur la carte des grandes tables aux côtés des bordeaux, bourgognes et autres barolos. La démonstration que l’appellation crée en 1926 peine à enclencher la machine à rêve parmi les amateurs de vins de prestige.

Les choses sont en train de changer. Depuis une dizaine d’années, le rioja se réinvente en s’émancipant de la classification historique basée sur le temps d’élevage du vin. Il y a les vins jeunes (Joven), fruités et frais, les seuls à ne pas connaître un élevage en fût de chêne; les Crianza, qui passent un an en barrique et un an en bouteille avant d’être vendus; les Reserva, élevés au minimum trois ans, dont une année sous bois; et enfin les Gran Reserva, vieillis au minimum deux ans en fût et deux ans en bouteille.

Au coeur de Genève, les merveilles de la Corne à vin

Jean-Pierre Pellegrin et son épouse ont réalisé un important projet immobilier à proximité de la gare Cornavin. Au sous-sol, le vigneron genevois dispose d’un écrin dans lequel il élève ses têtes de cuvée. Visite guidée et dégustation.

C’est un lieu magique, que l’on n’imagine guère situé au cœur de Genève. Et pourtant: le vigneron de Satigny Jean-Pierre Pellegrin et son épouse Patricia Cottier Pellegrin ont développé un projet immobilier hors normes à 500 mètres de la gare Cornavin. Situé dans une petite cour intérieure au 47 bis de la rue de Lausanne, le bâtiment abrite le dépôt et les bureaux de la société de Patricia, Cotfer SA. Il a été surélevé de sept étages pour accueillir des appartements. Durant le chantier, des caves voûtées en pierres naturelles ont été découvertes au sous-sol. Elles ont été réhabilitées après d’importants travaux d’excavation. Le résultat est impressionnant, magnifié par un éclairage savamment étudié.   

Jean-Pierre Pellegrin
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Bernard Bosseau, au bonheur des bulles

Arrivé à Genève il y a vingt ans, le vigneron d’origine nantaise a commencé à vinifier des vins effervescents par hasard. Ils sont devenus des références et sa marque de fabrique.

Avec son éternelle marinière, Bernard Bosseau revendique ses origines atlantiques. Pourtant, c’est à Genève que ce Nantais d’origine a fait son trou, s’imposant en vingt ans comme une figure incontournable de la viticulture locale. Une sacrée réussite pour ce fils de vigneron qui n’a jamais envisagé reprendre le domaine familial. «Mon père est du type patriarche, je me suis très vite dit qu’on allait avoir du mal à s’entendre», raconte-t-il avec un regard de défi.

La trajectoire de l’artisan à la carrure imposante est constellée de ce qu’il appelle des «coups du destin». Le premier a lieu pendant ses études en viti-œno à Bordeaux quand il rencontre celle qui va devenir sa femme. Coup de foudre et destin chamboulé: en 1989, le jeune couple décide de s’installer dans la région d’origine de cette dernière, à Saint-Julien-en-Genevois, à quelques kilomètres de la frontière suisse.

Electus se repositionne comme un vin ethnique

Sous la houlette de l’œnologue Damien Caruzzo, le premier vin « icône suisse » est désormais composé quasi exclusivement de cépages autochtones. Un changement de cap qui doit lui permettre de trouver une ligne plus cohérente.

Electus, premier vin « icône suisse » lancé par Provins en septembre 2013, se repositionne. Après plusieurs hésitations sur sa politique de prix, c’est la composition de l’assemblage qui connaît un changement de cap. Sous la houlette de Damien Caruzzo, désormais seul aux commandes, les millésimes 2016 et 2017 (non encore commercialisés) sont composés quasi exclusivement de cépages autochtones. « Ma volonté est de baisser la proportion de cépages bordelais pour donner à Electus un profil plus fruité et élégant », souligne l’œnologue valaisan sous le regard approbateur de Raphaël Garcia, directeur général de Provins.

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