On craque pour un… Tourbillon de Chardonnay

A Chardonnay, dans le Mâconnais, l’horloger neuchâtelois Claude Vuillemez et son épouse Patricia cultivent un Chardonnay, bien sûr!

C’est un petit village paisible du Sud mâconnais entouré de vignes qui a donné son nom au cépage blanc le plus célèbre au monde. C’est là, à Chardonnay, que l’horloger neuchâtelois Claude Vuillemez et son épouse Patricia ont acquis une résidence secondaire en 1989. En 2016, à l’approche de la retraite, cet ancien cadre du groupe Richemont a réalisé un projet qu’il mûrissait depuis longtemps: produire son propre vin en profitant du label Chardonnay, inexploité jusque-là.

Grand prix du vin suisse: Olivier Mounir, vigneron de l’année aux pouces verts

Le Salquenard permet à sa commune d’obtenir un 4e titre national. Une belle reconnaissance pour cet innovateur à la forte sensibilité environnementale.

Et une victoire de plus pour Salquenen ! Après les sacres successifs de Diego Mathier, nommé meilleur vigneron de Suisse en 2007, 2011 et 2018, c’est au tour d’un autre producteur de la commune haut-valaisanne de décrocher la timbale. 

Avec quatre titres nationaux en 16 éditions du concours, Salquenen s’impose comme la locomotive du vin valaisan et suisse, avec un dynamisme qui impressionne. Le village de 1600 habitants, pour la plupart bilingues, regroupe une quarantaine d’entreprises viticoles qui exploitent un peu moins de 200 hectares de vignes sur un terroir calcaire dédié en grande majorité au vin rouge, le pinot noir en particulier. En 1988, les vignerons du cru ont été les premiers en Suisse à instaurer la limitation des rendements, avant même la création des AOC, trois ans plus tard. Dans le même élan, ils ont créé le premier Grand Cru du pays.

On craque pour… une syrah, meilleur vin de Suisse

La syrah 2021 d’Olivier Mounir a remporté la catégorie « Autres cépages rouges purs » et le prix Vinissimo du jury du Grand prix des vins suisses.

Si Olivier Mounir a été nommé meilleur vigneron suisse 2022, il le doit à sa syrah 2021. La cuvée a non seulement remporté la catégorie «Autres cépages rouges purs», mais aussi le prix Vinissimo qui consacre le coup de cœur du jury et lui octroie le titre honorifique de meilleur vin de l’année. Une belle reconnaissance, mais aussi une sacrée surprise pour le vigneron haut-valaisan, déjà tout étonné de la retrouver parmi les six cuvées sélectionnées pour la finale. «On est très content du vin, mais ce n’était vraiment pas un millésime pour les cépages tardifs comme la syrah», jugeait-il avant l’annonce des résultats.

On craque pour…. un grand chasselas de terroir

Le chasselas de la famille Neyroud-Fonjallaz a gagné le titre de meilleur chasselas 2022 au Grand prix des vins suisses.

C’est un gage d’excellence. Déjà vainqueurs de la catégorie chasselas du Grand Prix des vins suisses en 2021 avec le Chardonne Chardon d’Argent 2020, Jean-François Neyroud-Fonjallaz et son fils Basile ont remis ça cette année avec leur Calamin 2021. Une victoire obtenue devant le Bouton d’or 2021 de l’Union vinicole de Cully et le Grand Cru Luins 2021 du domaine Le Petit Cottens à Begnins. Un tiercé qui confirme que le cépage originaire des bords du Léman reste avant tout une spécialité vaudoise.  

«Buvez local»: l’appel à l’aide des vignerons suisses

Baisse de la consommation, forte concurrence étrangère, promotion insuffisante: le vignoble suisse est confronté à d’importants vents contraires. La Confédération appelée à la rescousse.

Imaginez un produit de moins en moins consommé, plus cher que la concurrence et qui manque de notoriété en raison d’une promotion insuffisante: dans un marché globalisé, il y a de quoi craindre pour son avenir. C’est le cas du vin suisse, confronté depuis deux décennies à une importante crise structurelle.

Elle a encore été aggravée en 2020 par la pandémie de Covid-19 et en 2021 par un millésime cataclysmique. Les conditions météo difficiles ont entraîné «la pire vendange depuis 1957», selon le rapport de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG): 61 millions de litres ont été récoltés, contre une moyenne de 95 ces dix dernières années.

Le vin «nature», défi ultime du vigneron

Les vins sans soufre ajoutés ont le vent en poupe. En Suisse, ils disposent enfin d’un cahier des charges dédié, initié par le Vaudois Frank Siffert.

Vins «nature», «naturels» ou encore «vivants»: depuis quelques années, ces adjectifs fleurissent sur la devanture des vinothèques et sur les cartes de restaurants branchés des centres urbains.  Ils constituent une tendance en vogue qui s’inscrit dans la volonté de plus en plus de vignerons de travailler sans produits de synthèse, à la vigne comme à la cave. Un mouvement qui répond à la demande croissante des consommateurs pour des vins produits dans le respect de l’environnement, «le plus naturellement possible». 

La notion de vin nature est au cœur de débats animés dans les carnotzets. Pour ses défenseurs, l’utilisation de raisins certifiés biologiques ou biodynamiques et l’interdiction de tout intrant chimique lors des vinifications, sulfites compris permet d’obtenir des vin plus «authentiques», «plus proches du raisin».

Pour les autres, soit la grande majorité des vignerons, la philosophie de l’interventionnisme minimal est un leurre. Ils soulignent que la qualité moyenne des vins s’est considérablement améliorée avec l’avènement de l’œnologie moderne et que le seul vin vraiment «naturel» – certifié sans intervention humaine – reste le vinaigre.   

Ils font vieillir des vins suisses depuis 18 ans, un vrai «trésor»

En 2004, l’association Mémoire des vins suisses s’est fixé comme objectif de démontrer le potentiel de garde des meilleurs crus du pays. Nous avons rencontré la nouvelle génération qui reprend ce défi à son compte.

C’est un constat partagé dans toutes les régions viticoles: les grands vins se reconnaissent à leur faculté à traverser le temps. La mise en avant des meilleurs millésimes, particulièrement aptes à la garde, fait ainsi partie de l’identité des vins de Bordeaux. Le prix des grands crus classés issus des années bénies 1961, 1989 ou 2000 atteignent des niveaux stratosphériques, bien supérieurs à ceux des millésimes récents.

En Suisse, la valorisation des vins de garde a très longtemps été inexistante. Il faut dire que la Dôle valaisanne, le pinot noir neuchâtelois ou le chasselas vaudois étaient systématiquement vinifiés pour être bus dans l’année. C’est d’ailleurs encore souvent le cas: les vignerons peinent à vendre autre chose que leur dernier millésime. C’est ce constat qui est à l’origine de la création de l’association Mémoire des vins suisses (MDVS), en 2004

Le vin du Glacier, une épopée montagnarde

Une soixantaine de producteurs privés en possèdent au moins un tonneau. Elevé à plus de 1200 mètres d’altitude, il reste l’un des ferments de l’identité du val d’Anniviers

On dit que les grands vins se reconnaissent à leur faculté de traverser le temps. Le vin du Glacier répond parfaitement à cette définition. Né il y a plusieurs siècles de la transhumance des paysans entre Sierre et le val d’Anniviers, ce vin oxydatif vinifié selon le principe de la solera (ou réserve perpétuelle, avec addition de plusieurs millésimes) représente une tradition encore bien vivante. C’est ce que démontre un livre récent que lui a dédié l’expert en vin Dominique Fornage, avec le précieux soutien de Charly Zufferey, photographe amateur, et d’Alain Zuber, lui-même propriétaire de deux tonneaux de Glacier.

Cette monographie de plus de 200 pages offre une cartographie très précise de ce patrimoine liquide. Avec une surprise de taille, même pour les Anniviards: outre une quinzaine de bourgeoisies et de sociétés de tir, les auteurs ont recensé une soixantaine de propriétaires privés possédant le plus souvent un seul tonneau, comme le cuisinier de Sierre Didier de Courten. «Nous avons été étonnés d’avoir un nombre aussi élevé de privés, souligne Alain Zuber. La plupart ne se connaissaient pas.»

La vigneronne venue de l’Est

Mathilda Olmi

Arrivée en Suisse en 2003, la Roumaine Valentina Andrei a appris le métier auprès de Marie-Thérèse Chappaz avant de prendre son indépendance. Avec une ténacité hors normes, elle s’est imposée comme une référence du vin suisse

C’était un rêve, un projet de vie. Depuis qu’elle a décidé de devenir vigneronne, à l’adolescence, Valentina Andrei a toujours voulu posséder son propre domaine viticole. La native de Botosani, au nord de la Roumanie, y est parvenue en 2012, moins de dix ans après son arrivée en Suisse. Femme dans un métier resté très masculin, immigrée dans un Valais viticole conservateur, elle a gagné le respect de tous par son travail acharné et la grande qualité de ses vins.

Dans son petit caveau de Saillon, racheté en 2015 à l’ancienne légende du FC Sion Fernand Luisier, elle mesure le chemin parcouru. Avec fierté, mais sans aucune nostalgie. «Dans la vie, c’est l’avenir qui m’intéresse, je ne regarde pas derrière moi.» Une philosophie qu’elle applique à ses vins. «Une fois qu’un millésime a été mis en bouteille, je ne m’y intéresse plus du tout. Tu ne peux plus rien changer, alors à quoi bon?»

Le grenache noir sur le grill: la leçon de la Réserve des Célestins

grenache

Riche en alcool, pauvre en acidité, le cépage originaire de l’est de l’Espagne n’est pas facile à domestiquer. Mais il peut donner des cuvées d’une finesse et d’une profondeur remarquables, à l’image de la célèbre cuvée  du domaine Henri Bonneau. Récit d’une dégustation extraordinaire.

Même si c’est le 7e cépage le plus cultivé au monde, le grenache noir reste largement méconnu en Suisse. Il y a deux raison à cela : il est totalement absent de nos vignobles, ce qui est relativement rare ; dans les régions où il est cultivé, il est très souvent assemblé, ce qui complique l’affirmation de son identité. C’est pourtant une variété à fort potentiel, comme en témoigne la réputation internationale de Château Rayas, la cuvée de grenache la plus célèbre au monde. Un mythe que j’ai eu l’occasion de déguster à plusieurs reprises, dont une verticale organisée en 2015 par le vigneron vaudois Raoul Cruchon.

Le 20 février dernier, c’est une autre dégustation exceptionnelle qui m’a permis de prendre la pleine mesure du potentiel des 100% grenache. Organisée au Kavo de Vevey par Laurent Maffli, un amateur passionné et éclairé, elle regroupait des grenaches pures (ou presque) issues de différentes régions du monde. Une sélection de haut vol, avec uniquement des cuvées de référence issues de différents millésimes. Elles ont été dégustées à l’aveugle par série de 2 à 3 vins.

En introduction, le généticien de la vigne José Vouillamoz et l’oeno-parfumeur Richard Pfister ont fait un focus sur l’origine du grenache et sur ses caractéristiques organoleptiques. Pour faire très bref, la grenache est originaire de la région d’Aragon, à l’est de l’Espagne. Sa présence en Sardaigne dès le 16e siècle, où il est appelé cannonau et où on revendique sa paternité, s’explique par le fait que l’île a été une colonie aragonaise de 1323 à 1720. Preuve supplémentaire que le berceau du cépage est aragonais: une biodiversité beaucoup plus développée, avec de nombreuses mutations (dont des grenaches grises et blanches, introuvables en Sardaigne).

Aujourd’hui, la grenache, avec ses grosses grappes bleutées, recouvre plus de 180’000 hectares sur la planète, dont 81’000 ha en France (Châteauneuf-du-Pape, Gigondas, Côtes-du-Rhône notamment) et 62’000 ha en Espagne (Aragon, Rioja, Navarre). On la trouve également en Italie, bien sûr, mais aussi Etats-Unis, en Australie et en Argentine. Les vins dont elle est issue sont souvent généreux, gourmands, avec peu d’acidité et une teneur en alcool élevée. Avec un grand défi pour les producteurs : garder de la fraîcheur pour proposer des vins digestes, élégants, avec une aromatique sur la cerise plutôt que sur le pruneau sec.   

Continuer la lecture de « Le grenache noir sur le grill: la leçon de la Réserve des Célestins »