Créer sa cave à vins, lieu de plaisir et de partage

Pour le passionné, la cave à vins n’est pas seulement une pièce borgne, sombre et humide. C’est un refuge, un lieu de pèlerinage que de nombreux hommes et quelques rares femmes chérissent au-delà du raisonnable.

Faire vieillir son vin en cave dix ou vingt ans, parfois plus, est une curiosité en dehors du cercle des passionnés: la grande majorité des consommateurs boivent des millésimes récents, au point souvent d’ouvrir des bouteilles achetées le jour même chez un caviste ou dans la grande distribution. Ce goût de l’instantanéité s’explique par l’évolution des habitudes de consommation, mais aussi par les progrès de l’œnologie moderne, qui propose des vins «prêts à boire» même dans les régions où la garde est une tradition, comme à Bordeaux.

Les mousseux suisses en route vers le succès

La Cave du Tunnel à Conthey a produit le meilleur vin effervescent du pays ces quatre dernières années. Une façon de se profiler sur un marché en pleine croissance.

C’est une tendance lourde partout en Europe. La consommation de vins effervescents progresse alors que la consommation de vins tranquilles recule. En Suisse, l’augmentation est spectaculaire: en 2021, 23,5 millions de litres de vins mousseux ont été consommés, un record. Cela représente une hausse de 22% par rapport à 2015 et de 33% par rapport à 2010.  Ce total n’intègre pas la production indigène de vins effervescents, que l’Office fédéral de l’agriculture dilue dans sa statistique annuelle entre les catégories «vins blancs» et «vins rouges». 

On craque pour… un Brut valaisan 4 fois champion suisse

La Cave du Tunnel a remporté la catégorie «mousseux» lors des quatre dernières éditions du Grand Prix du vin suisse.

C’est une performance inédite. La Cave du Tunnel a remporté la catégorie «mousseux» lors des quatre dernières éditions du Grand Prix du vin suisse. Cela dénote un haut niveau de qualité mais aussi une grande régularité: le domaine, qui possède 25 hectares de vigne et achète du raisin à une centaine de fournisseurs, a été sacré avec les millésimes 2013, 2014 (2 fois) et 2016 de son Brut millésimé. Le 2015 a obtenu la deuxième place du concours l’an dernier, jute derrière le 2014. Impossible, dans ces conditions, d’évoquer le facteur chance. 

On craque pour… la cuvée iconique de la Maison Mauler

L’entreprise du Val-de-Travers élabore plus de 500 000 bouteilles par an, ce qui fait d’elle le premier producteur de Suisse de vins effervescents.

Dans le petit monde des vins suisses, la Maison Mauler est un cas à part. La quasi-totalité de la production est dédiée aux effervescents produits selon la méthode champenoise, et ce depuis sa création en 1829. Basée au Prieuré St-Pierre, à Môtiers, dans le Val-de-Travers, l’entreprise élabore plus de 500 000 bouteilles par an, ce qui en fait le premier producteur de Suisse, et de très loin.

De l’horlogerie au vin, l’ambition de Karl-Friedrich Scheufele de «vendre du rêve»

Le président de Chopard a acheté un domaine viticole en Dordogne. Il n’est pas le seul patron horloger à avoir fait le pas.

Vu de loin, le monde du vin et celui de l’horlogerie n’ont pas grand-chose en commun. A y regarder de plus près, les similitudes sont nombreuses, en particulier dans le haut de gamme. Qu’il s’agisse de production, de marketing ou de vente, les domaines viticoles et les manufactures suisses partagent le même champ lexical: ils mettent en avant l’artisanat, la tradition, l’innovation et la volonté de se rapprocher toujours plus de l’excellence. Avec l’ambition réitérée de «vendre du rêve» pour se démarquer de la concurrence.

On craque pour…. Cadran, blanc sec de Bergerac

Produit par le Château Monestier Latour, propriété de Karl-Friedrich Scheufele, Cadran est un vin de bistrot, idéal pour accompagner huîtres et fruits de mer.

Le sauvignon blanc, le sémillon et la muscadelle sont les trois cépages que l’on retrouve dans les célèbres vins liquoreux de Sauternes. De manière plus confidentielle, ils sont utilisés pour produire des vins secs dans l’AOC Bergerac Blanc sec qui s’étend sur 885 hectares dans 90 communes du département de la Dordogne. Il s’agit le plus souvent de vins blancs sans prétention mais avec beaucoup de charme grâce à leur dynamisme et leur aromatique fruitée.

On craque pour un… Tourbillon de Chardonnay

A Chardonnay, dans le Mâconnais, l’horloger neuchâtelois Claude Vuillemez et son épouse Patricia cultivent un Chardonnay, bien sûr!

C’est un petit village paisible du Sud mâconnais entouré de vignes qui a donné son nom au cépage blanc le plus célèbre au monde. C’est là, à Chardonnay, que l’horloger neuchâtelois Claude Vuillemez et son épouse Patricia ont acquis une résidence secondaire en 1989. En 2016, à l’approche de la retraite, cet ancien cadre du groupe Richemont a réalisé un projet qu’il mûrissait depuis longtemps: produire son propre vin en profitant du label Chardonnay, inexploité jusque-là.

Grand prix du vin suisse: Olivier Mounir, vigneron de l’année aux pouces verts

Le Salquenard permet à sa commune d’obtenir un 4e titre national. Une belle reconnaissance pour cet innovateur à la forte sensibilité environnementale.

Et une victoire de plus pour Salquenen ! Après les sacres successifs de Diego Mathier, nommé meilleur vigneron de Suisse en 2007, 2011 et 2018, c’est au tour d’un autre producteur de la commune haut-valaisanne de décrocher la timbale. 

Avec quatre titres nationaux en 16 éditions du concours, Salquenen s’impose comme la locomotive du vin valaisan et suisse, avec un dynamisme qui impressionne. Le village de 1600 habitants, pour la plupart bilingues, regroupe une quarantaine d’entreprises viticoles qui exploitent un peu moins de 200 hectares de vignes sur un terroir calcaire dédié en grande majorité au vin rouge, le pinot noir en particulier. En 1988, les vignerons du cru ont été les premiers en Suisse à instaurer la limitation des rendements, avant même la création des AOC, trois ans plus tard. Dans le même élan, ils ont créé le premier Grand Cru du pays.

On craque pour… une syrah, meilleur vin de Suisse

La syrah 2021 d’Olivier Mounir a remporté la catégorie « Autres cépages rouges purs » et le prix Vinissimo du jury du Grand prix des vins suisses.

Si Olivier Mounir a été nommé meilleur vigneron suisse 2022, il le doit à sa syrah 2021. La cuvée a non seulement remporté la catégorie «Autres cépages rouges purs», mais aussi le prix Vinissimo qui consacre le coup de cœur du jury et lui octroie le titre honorifique de meilleur vin de l’année. Une belle reconnaissance, mais aussi une sacrée surprise pour le vigneron haut-valaisan, déjà tout étonné de la retrouver parmi les six cuvées sélectionnées pour la finale. «On est très content du vin, mais ce n’était vraiment pas un millésime pour les cépages tardifs comme la syrah», jugeait-il avant l’annonce des résultats.

On craque pour…. un grand chasselas de terroir

Le chasselas de la famille Neyroud-Fonjallaz a gagné le titre de meilleur chasselas 2022 au Grand prix des vins suisses.

C’est un gage d’excellence. Déjà vainqueurs de la catégorie chasselas du Grand Prix des vins suisses en 2021 avec le Chardonne Chardon d’Argent 2020, Jean-François Neyroud-Fonjallaz et son fils Basile ont remis ça cette année avec leur Calamin 2021. Une victoire obtenue devant le Bouton d’or 2021 de l’Union vinicole de Cully et le Grand Cru Luins 2021 du domaine Le Petit Cottens à Begnins. Un tiercé qui confirme que le cépage originaire des bords du Léman reste avant tout une spécialité vaudoise.