Société – Page 3 – L'esprit du terroir

Le champagne, le vin de tous les miracles

Les crus produits au nord de la France doivent leur succès à la domestication de la bulle dès la fin du XVIIe siècle. Retour sur une épopée humaine et commerciale

Ses fines bulles sont devenues synonymes de fête et de célébration, omniprésentes quand il s’agit de marquer les grandes occasions. Le miracle du champagne ne s’arrête pas à sa notoriété universelle. C’est aussi celui d’une région qui a su dépasser ses handicaps pour les transformer en atouts. Produits à la limite septentrionale de la culture de la vigne, les vins tranquilles des origines, acides et tranchants, auraient eu beaucoup de mal à surnager dans le marché globalisé du XXIe siècle. C’est le même climat frais qui, paradoxalement, a permis la naissance de l’effervescence puis sa domestication. Une innovation qui ne doit rien à Dom Pérignon, légende nourrie par un art consommé du storytelling. On y reviendra.

Des bulles et de l’écume

Les blanc de blancs accompagnent parfaitement les plats de fruits de mer et les poissons. Ma sélection de six cuvées coup de cœur.

Le champagne est multiple, protéiforme, prêt à affronter tous les défis. Traditionnellement issu d’un assemblage entre le pinot noir et le pinot meunier, à peau noire, et le chardonnay, à peau blanche, il se décline aussi en monocépage. Lorsqu’il est tiré du seul chardonnay, où d’autres cépages blancs plus rares, on parle de blanc de blancs. Il s’agit alors d’un vin friand à la bulle fine et aérienne. Parfait à l’apéritif, il accompagne aussi très bien les coquillages, crustacés et autres plats de poisson. Sélection de six cuvées éclectiques produites par des vignerons indépendants et de grandes maisons.

«Le champagne peut accompagner tous les plats»

Ambassadeur suisse du champagne en 2011, Tzvetan Mihaylov est un érudit passionné qui connaît tous les secrets du célèbre effervescent.

Tzvetan Mihaylov est un converti tardif au champagne et fait donc partie des plus assidus. En 2009, en charge d’un cours sur le vin à la IHTTI School of Hotel Management de Neuchâtel, il commence à étudier la thématique de ce vin qui pétille. Et se rend compte que plus il creuse, plus il a à apprendre. Amoureux du produit et de la région, il se spécialise au point de devenir en 2011 ambassadeur suisse du champagne. Ce titre couronne le vainqueur d’un concours annuel qui exige de connaître tous les secrets du célèbre vin effervescent. Interview:

Georges Wenger, héraut jurassien

Le chef deux étoiles partira à la retraite le 15 décembre prochain après trente-sept ans d’une activité insatiable. Parti de rien, il s’est imposé comme une référence incontournable de la gastronomie helvétique.

Devant l’entrée de son restaurant baignée par le soleil d’automne, Georges Wenger accueille sa clientèle d’une solide poignée de main. Ce jour-là, ses phalanges présentent une belle couleur jaune curry. «Je viens de préparer une sauce avec du curcuma», précise-t-il, accueillant avec simplicité les premiers visiteurs qui arrivent pour le repas de midi. Parmi eux, des gens de la région, mais aussi des Alémaniques et des Genevois venus «profiter une dernière fois» de la cuisine du chef doublement étoilé avant son départ à la retraite, le 15 décembre prochain.

L’annonce de l’arrêt du cuisinier jurassien, fin août, a entraîné une déferlante de réservations. Le Noirmont est devenu, pour quelques mois, un lieu de pèlerinage pour tous les amoureux de gastronomie et de beaux produits. «On a de la peine à suivre, le téléphone sonne tout le temps», sourit le maître des lieux. Pourquoi se retirer maintenant, alors qu’il bénéficie d’une santé de fer et d’une silhouette de jeune homme? «J’ai eu 64 ans le 31 août, il faut bien s’arrêter un jour. Avec mon épouse Andrea, cela fait dix ans que nous préparons la transmission de l’entreprise. Ça ne s’improvise pas.»

Diego Mathier à nouveau vigneron suisse de l’année

Le producteur de Salquenen a remporté le titre suprême du Grand Prix du vin suisse pour la troisième fois après 2007 et 2011.

Diego Mathier a reçu jeudi soir le titre envié de vigneron de l’année lors du Gala du Grand Prix des vins suisses à Berne. Un honneur que le patron de la cave Nouveau Salquenen avait déjà connu en 2007 et en 2011. Cette année, il a dominé de la tête et des épaules les catégories assemblages en remportant la 1ère et 3ième place dans les blancs ainsi que les deux premières marches du podium pour les rouges. Une performance inédite encore renforcée par le gain du prix Vinissimo blanc (meilleur vin blanc du concours).

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Changins, pépinière de talents

Fils de vignerons célèbres, Louis Trapet et Pierre-Emile Humbrecht ont choisi la Suisse pour étudier la viticulture et l’œnologie avant de retourner travailler au domaine familial. Rencontre

Avec leurs longues silhouettes et leurs rires sonores, impossible de les rater. Dans les couloirs de l’Ecole d’ingénieurs de Changins, près de Nyon, l’Alsacien Pierre-Emile Humbrecht et le Bourguignon Louis Trapet font la paire. Une complicité nourrie de nombreux points communs: ils sont tous deux fils de vignerons célèbres convertis de longue date à la biodynamie. Ils ont décidé de faire leurs études de viticulture et d’œnologie en Suisse. Colocataires à Gex, ils finiront tous deux leur cursus le 11 septembre avec la présentation de leur travail de bachelor. «On a beaucoup aimé étudier ici, mais il est temps de passer à autre chose», précise le premier avec appétit.

Plant Robert et Led Zeppelin

Ecouter de la musique peut modifier la perception des vins que l’on déguste, selon une étude publiée dans le «British Journal of Psychology». Et vous, c’est quoi votre accord préféré?

J’ai longtemps pensé que boire un verre de vin en écoutant de la musique était un plaisir simple, digne d’une nouvelle de Philippe Delerm. Lourde erreur: c’est une activité à risque, avec une probabilité non négligeable de se faire manipuler. Selon une étude très sérieuse du professeur Adrian North publiée il y a sept ans dans le British Journal of Psychology, le rythme et la mélodie influencent directement notre perception du vin. Au point d’inciter le buveur innocent à le créditer de défauts ou qualités qu’il ne possède pas.

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Electus, les promesses déçues

Lancé en 2013, le premier vin « icône suisse » n’est pas à la hauteur de ses ambitions, comme l’a montré une dégustation des trois premiers millésimes.

Il s’appelle Electus. L’élu, en latin. C’est le premier vin « icône suisse » lancé par Provins en septembre 2013. A l’origine, cet assemblage de cornalin, humagne rouge, cabernet sauvignon, diolinoir et merlot issu des meilleurs parchets de la coopérative valaisanne était destiné exclusivement à l’export. Avec un prix de 249 francs inédit pour un vin suisse, il avait l’ambition de se positionner comme un produit de luxe et régater avec les Supertoscans et les crus classés bordelais.

Cinq ans plus tard, le bilan est mitigé. J’ai pu le constater fin mars lors d’une dégustation des trois premiers millésimes d’Electus organisée à Sion lors de la rencontre annuelle de la Mémoire des vins suisse. Le programme comprenait également la dégustation de la cuvée « sœur » d’Electus, Eclat, un assemblage blanc d’arvine et de savagnin blanc, ainsi que des vieux millésimes de chez Provins. Parmi eux, un Ermitage 1980 et une Dôle 1976 du domaine de l’Evêché absolument bluffant.

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Marie-Thérèse Chappaz: «On peut cultiver la vigne sans produits de synthèse»

La vigneronne de Fully soutient l’initiative populaire qui vise à interdire les pesticides et généraliser l’agriculture biologique. Un engagement que celle qui a été nommée «icône du vin suisse» explique par sa volonté farouche de protéger la nature.

En vingt ans, Marie-Thérèse Chappaz s’est imposée comme la référence de la viticulture suisse. Pour la grande qualité de ses vins, mais aussi pour sa générosité et son authenticité. En février, elle a été sanctifiée par Stephan Reinhardt, qui travaille pour The Wine Advocate, revue spécialisée crée par Robert Parker. Le dégustateur allemand lui a octroyé la note de 99 sur 100 pour deux de ses vins liquoreux, la qualifiant de «Romanée Conti de la Suisse».

Mimi, Fifi & Glouglou, ou les vertiges de la dégustation

L’illustrateur et bédéiste Michel Tolmer possède un talent rare pour croquer les obsessions universelles des fous de la dive bouteille. Avec trois héros qui ne boivent pas trop, mais tout le temps

-Bon, qu’est-ce qu’on boit maintenant?
-Et si on goûtait un bordeaux?
-Un bordeaux? Il y a des limites à la vulgarité!
-Ha, ha, ha, du vin de compagnie d’assurances. S’il y avait un terroir à bordeaux, ça se saurait.
-J’allais vous proposer Palmer 89, mais je suppose que ça ne vous intéresse pas?
-Bôh, fais goûter quand même…. Faut pas être sectaire…

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