Anne-Claire Schott, l’art de la vigne

La viticultrice de Douanne, au bord du lac de Bienne, a étudié l’histoire de l’art avant de reprendre le domaine familial, en 2016. Un parcours qui rejaillit sur une production en rupture avec la tradition, avec notamment la création de deux cuvées conceptuelles bluffantes. Rencontre

Dans les vignes en terrasse qui dominent le lac de Bienne, Anne-Claire Schott se sent parfaitement dans son élément. «J’aime la nature, le lien avec la plante, souligne la trentenaire avec enthousiasme. J’aime aussi le travail manuel. Depuis que j’ai repris le domaine familial, début 2016, je cherche à valoriser cet artisanat: ici, on fait tout à la main. Avec notre vignoble en pente structuré par des murs de pierre sèche, c’est dans l’ordre des choses.»

Marie-Thérèse Chappaz: «On peut cultiver la vigne sans produits de synthèse»

La vigneronne de Fully soutient l’initiative populaire qui vise à interdire les pesticides et généraliser l’agriculture biologique. Un engagement que celle qui a été nommée «icône du vin suisse» explique par sa volonté farouche de protéger la nature.

En vingt ans, Marie-Thérèse Chappaz s’est imposée comme la référence de la viticulture suisse. Pour la grande qualité de ses vins, mais aussi pour sa générosité et son authenticité. En février, elle a été sanctifiée par Stephan Reinhardt, qui travaille pour The Wine Advocate, revue spécialisée crée par Robert Parker. Le dégustateur allemand lui a octroyé la note de 99 sur 100 pour deux de ses vins liquoreux, la qualifiant de «Romanée Conti de la Suisse».

Jean-Daniel Giauque, l’attrait de la terre

Le patron  du domaine du Signolet, à La Neuveville, a décidé de changer son fusil d’épaule en réduisant sa production de manière drastique. Rencontre avec un homme passionnant et passionné.

Avec Jean-Daniel Giauque,  on ne sait jamais à quoi s’attendre.  L’homme est chaleureux, passionné, mais aussi imprévisible, selon l’humeur du jour. Quand il  est en forme, le vigneron de La Neuveville est intarissable: ce jour de décembre 2017, installé au coin du feu de sa cave, il reconnaît avoir traversé récemment une période difficile. « Je dispose de 5 hectares de vigne, dont 3,5 en propriété.  C’est  beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de pression pour vendre du vin en bouteille. Je n’ai plus envie. J’aime travailler la terre.  Vendre, ce n’est pas mon truc. Je n’aime pas ça. »

Du coup, Jean-Da, comme  on l’appelle couramment au bord du Lac de Bienne, a décidé de réduire sa production. Désormais, il entend vendre entre 2000 et  4000 bouteilles  positionnées dans le haut de gamme pour une clientèle d’habitués,  privés et restaurants. Une baisse drastique. « Dans le passé,  je  commercialisait de 40 000 à 50 000 bouteilles par millésime, précise-t-il. Je n’ai plus  l’énergie nécessaire. »

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Le clan pétillant

Installée depuis bientôt un siècle à Avize, la famille De Sousa est arrivée au sommet en cultivant l’art du contre-pied. Elle propose des cuvées à forte personnalité qui s’exportent un peu partout sur la planète.

Ce matin-là, il y a marché sur la place Léon Bourgeois d’Avize, au coeur de la côte des Blancs. Derrière l’étal du boucher et le va-et-vient des clients, la cour du numéro 12 est protégée de la rue par une barrière de fer forgé. Sur le mur blanc, une inscription en lettres délavées indique qu’on est bien arrivé: « Champagne De Sousa & Fils.» Après un bref coup de sonnette, c’est Michelle De Sousa, la maîtresse des lieux, qui vient ouvrir pour nous emmener à l’intérieur de la maison aux fenêtres cerclées de briques, selon la tradition champenoise. Ici, ni faste ni attaché de presse, comme dans les grandes maisons de champagne. Juste la simplicité d’un accueil familial.

Les frères Dutruy, duo gagnant

Le domaine familial installé à Founex (VD) remporte le titre de « Cave de l’année 2017 » du Grand Prix du vin suisse. Une consécration méritée pour des artisans complémentaires et perfectionnistes.

C’est une consécration méritée pour un domaine de référence. Les Frères Dutruy, à Founex (VD), ont remporté hier soir à Berne le prix envié de «Cave Suisse de l’Année 2017». Un résultat acquis grâce à leur grande régularité dans l’excellence, avec plusieurs vins médaillés, deux vins nominés et deux vins primés.

Les Dutruy, c’est un duo de frangins soudés et ambitieux. Il y a d’abord Christian, l’aîné de 42 ans, costaud et décidé. Puis il y a Julien, le cadet, 37 ans, longiligne et réservé. Depuis 2006, année de la reprise du domaine familial de Founex, près de la frontière genevoise, les frères Dutruy misent sur leur complémentarité pour prospérer. Au bénéfice d’une maîtrise fédérale de viticulteur, Christian s’occupe des vignes et de la pépinière viticole crée par son arrière grand-père, Gustave Dutruy. Diplômé de l’Université d’œnologie de Bordeaux, Julien se concentre sur le travail à la cave.
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Le médecin et le vin

Le Dr Patrick Regamey partage sa vie entre la médecine et la viticulture avec une énergie qui impressionne. Rencontre à la cave Histoire d’Enfer, au-dessus de Sierre, fondé en 2008 avec deux associés.

Quand ses proches le décrivent, le qualificatif d’hyperactif revient en boucle. Il n’est pas galvaudé: Patrick Regamey ne s’arrête jamais. Ce matin-là, il a donné rendez-vous au T dans la cave de son domaine viticole Histoire d’Enfer, à Corin-sur-Sierre. Pendant deux heures, en ébullition permanente, il a jonglé entre l’écoute attentive d’une présentation d’un système de traitement des vignes par drone, la dégustation des vins du domaine et une dizaine d’appels de patients reçus sur son téléphone mobile…

Didier Burkhalter, le goût du lac et du terroir

C’est parti: la Semaine suisse du Goût 2017 a été ouverte cette semaine à Berne par le conseiller fédéral Didier Burkhalter. Il a dédié son discours au terroir neuchâtelois devant les trois candidats à sa succession présents dans la salle – l’élection approche…. Cela tombait à pic: cette année, c’est sa ville de Neuchâtel qui est « Ville suisse du Goût ».

Le chef du Département fédéral des affaires étrangères a insisté sur son attachement « à son terroir », à ses racines profondément ancrées sur le Littoral neuchâtelois. Sur le ton de la confidence, il a raconté que sa vocation de conseiller fédéral est née de la rencontre de deux natures: la sienne et celle de son canton.

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Andy Zaugg, éloge de la simplicité

Le chef étoilé soleurois a reçu les insignes de commandeur de l’Ordre des vins vaudois. Une reconnaissance méritée pour ce passionné du goût qui privilégie une cuisine épurée, comme son modèle, Paul Bocuse.

«Je einfacher, desto besser» («Plus c’est simple, mieux c’est»). Dans la cuisine du restaurant Zum Alten Stephan, au cœur de la vieille ville de Soleure, Andy Zaugg répète sa devise avec enthousiasme. Ça tombe bien: elle lui convient à merveille, pour sa cuisine, tout d’abord, précise et inventive, mais sans fioriture. «Les plats trop travaillés, c’est pas mon truc», …

«Haut-Brion est la plus ancienne 
marque de luxe du monde»

Domicilié à Vevey, le prince Robert du Luxembourg dirige le célèbre Grand cru classé bordelais qui appartient à sa famille depuis 1935. Il est l’ambassadeur de son style classique «sur l’élégance et la complexité, comme de la soie».

Robert de Luxembourg est prince mais il n’est pas précieux. Quand il évoque le Château Haut-Brion, acheté par son arrière-grand-père Clarence Dillon en 1935, il commence par évoquer les spécificités du sol caillouteux des Graves, à proximité immédiate de la ville de Bordeaux. C’est là qu’il a passé ses vacances, enfant,…

 

Lettre à Benoît Violier

Pierre-Emmanuel Buss rédige la lettre qu’il aurait souhaité envoyer à Benoît Violier.

Cher Benoît, cher chef Violier, 

L’annonce de votre décès, dimanche passé, m’a laissé complètement désemparé. Comme tout le monde, j’ai été abasourdi d’apprendre qu’une personnalité à qui tout réussit puisse décider de mettre fin à ses jours aussi abruptement. La sidération a très vite laissé place à la tristesse et à une infinie nostalgie. Car si je ne connaissais pas bien l’homme, le cuisinier m’a donné des émotions gustatives…