Morgan Meier, le pinot noir comme étendard

En trois millésimes, l’œnologue s’est imposé comme une des locomotives de la viticulture neuchâteloise, remportant cette année le titre de champion suisse pour ses Landions 2018.

Morgan Meier fait partie d’une espèce rare: ceux pour qui l’année 2020 n’est pas complètement à oublier. A la fin du mois d’octobre, l’œnologue neuchâtelois, 30 ans, a remporté la catégorie «pinot noir» du Grand Prix du vin suisse avec Les Landions 2018, cuvée parcellaire qui porte le même nom que le domaine. Ce titre faisait suite à l’inauguration, en mars dernier, d’un nouvel espace de vinification et d’élevage situé au milieu des vignes, à Cortaillod, en face de l’ancienne ferme qu’il utilisait jusque-là.

Depuis l’intérieur de ce parallélépipède de béton, une large baie vitrée permet d’admirer les ceps qui ondulent dans le vent et, à l’horizon, les premiers contreforts du massif jurassien. Mais le décor n’est pas la priorité de Morgan Meier: «Ce nouvel outil de travail change beaucoup de choses sur le plan pratique. Auparavant, par manque de place, je devais faire l’étiquetage à l’extérieur. En hiver, à cause du froid, les étiquettes ne collaient pas. C’était un peu compliqué. Sans parler du stockage de nos fûts de chêne… Nous étions vraiment très à l’étroit.»

Edmond Gasser, l’excellence faite sommelier

Nommé «Sommelier de l’année» 2020 par le GaultMillau, le Parisien impressionne par sa culture et son entregent. Rencontre autour d’un verre de vin

Edmond Gasser (Eddy Mottaz/Le Temps)

On lui avait demandé de choisir un vin pour accompagner l’entretien. Edmond Gasser a opté pour la cuvée Coò, du domaine Zündel, au Tessin. Un chardonnay tranchant à la finale iodée qu’il décrit avec précision après l’avoir rapidement pris en bouche. Ce choix résume très bien l’approche du vin de ce Parisien de 30 ans, nommé meilleur sommelier de Suisse 2020 par le GaultMillau: découvrir des vins à forte personnalité que l’on a du plaisir à boire et boire encore: «Je me pose toujours la même question: ce vin donne-t-il envie d’en reprendre un verre? Là, c’est le cas, n’est-ce pas?»

Edmond Gasser est ainsi: il n’assène pas, il questionne. Il n’impose rien, il propose avec tact, délicatesse et entregent. Ouvert à tout, il aime découvrir de nouvelles références. La curiosité est même une marque de fabrique, qu’il n’a pas perdue depuis sa nomination au poste de chef sommelier du restaurant Anne-Sophie Pic, au Beau-Rivage Palace de Lausanne, en janvier 2019. «Le risque, dans un palace, c’est de perdre la flamme, reconnaît-il. Des sommeliers blasés, il y en a des tonnes. Ils ne vibrent plus. Dans ces conditions, on est assez vite en roue libre. Je veux à tout prix l’éviter.»

Cristal Roederer, les secrets d’une cuvée iconique

Créé à la demande du tsar Alexandre II, le fameux champagne à la bouteille à fond plat a su s’adapter à son temps. Son maître de cave, Jean-Baptiste Lécaillon, en a fait la locomotive de la transition vers une viticulture biologique.

Avec son fond plat et son verre transparent, c’est une bouteille reconnaissable entre toutes. La relique d’un monde disparu qui a su se renouveler pour rebondir. Créée en 1876 à la demande expresse du tsar Alexandre II de Russie, la cuvée Cristal de la Maison Louis Roederer a failli disparaître après le bouleversement occasionné par la révolution d’octobre 1917. Elle est aujourd’hui une icône champenoise, à la pointe en matière de culture biologique dans une Champagne très en retard en la matière.

Au siège de Louis Roederer, à Reims, le lien avec la Russie est encore très présent. Installé sous un puits de lumière, un buste de marbre d’Alexandre II toise les visiteurs. Un hommage justifié pour un empereur qui offre à la marque une source intarissable d’anecdotes propices au storytelling. Ainsi, la fameuse bouteille en cristal – qui a donné son nom à la cuvée – aurait été conçue pour éviter qu’une bombe ne puisse prendre place dans le fond creux des flacons traditionnels.

L’œnologue qui murmure à l’oreille des vignerons

Le Vaudois Fabio Penta s’est imposé comme une des références en matière de conseil œnologique en Suisse. Dans l’ombre, il œuvre dans plusieurs domaines prestigieux. Rencontre

Quand il parle de son métier et de sa passion du vin, Fabio Penta rayonne. Un comble pour un homme de l’ombre qui ne communique pas le nom de ses clients: dans le milieu viticole helvète, on assume difficilement de faire appel à un œnologue-conseil pour améliorer la qualité de ses vins. La situation est très différente dans le Bordelais, par exemple, où le recours à des consultants comme Michel Rolland ou Stéphane Derenoncourt constitue un argument de vente. Mais c’est un autre monde: les deux hommes jouissent d’une renommée internationale et encaissent des cachets juteux – le premier utilise un chauffeur pour tous ses déplacements.

Coup de jeune à la Maison Wenger

Jérémy Desbraux a imposé son style au Noirmont, avec le soutien d’une brigade juvénile, dont plusieurs transfuges de l’Hôtel de Ville de Crissier. Et a d’emblée posé la barre très haut.

Imposer son style sans rien révolutionner. C’est le défi de Jérémy Desbraux depuis qu’il a repris la Maison Wenger, le 15 janvier dernier. Il savait qu’il ne recevait pas les clés d’une auberge de campagne, mais d’une véritable institution de l’Arc jurassien. En trente-sept ans d’un travail de bénédictins, Andrea et Georges Wenger sont parvenus à positionner Le Noirmont sur la carte de la haute gastronomie helvétique, avec deux étoiles Michelin et 18/20 au GaultMillau. Des notations que le restaurant a perdues avec le changement de chef. «C’est normal, je n’ai jamais travaillé avec Monsieur Wenger», souligne le jeune et longiligne chef de 32 ans.

Ancien second de Franck Giovaninni à Crissier, Jérémy Desbraux souhaite bien sûr retrouver les faveurs des critiques spécialisés. «Mon objectif est que les clients qui viennent ici soient contents et que le restaurant soit rempli, précise-t-il. Bien sûr, la reconnaissance des guides constitue un plus pour y parvenir, surtout quand on est un peu excentré. Mais ce n’est pas une obsession.»

Bernard Bosseau, au bonheur des bulles

Arrivé à Genève il y a vingt ans, le vigneron d’origine nantaise a commencé à vinifier des vins effervescents par hasard. Ils sont devenus des références et sa marque de fabrique.

Avec son éternelle marinière, Bernard Bosseau revendique ses origines atlantiques. Pourtant, c’est à Genève que ce Nantais d’origine a fait son trou, s’imposant en vingt ans comme une figure incontournable de la viticulture locale. Une sacrée réussite pour ce fils de vigneron qui n’a jamais envisagé reprendre le domaine familial. «Mon père est du type patriarche, je me suis très vite dit qu’on allait avoir du mal à s’entendre», raconte-t-il avec un regard de défi.

La trajectoire de l’artisan à la carrure imposante est constellée de ce qu’il appelle des «coups du destin». Le premier a lieu pendant ses études en viti-œno à Bordeaux quand il rencontre celle qui va devenir sa femme. Coup de foudre et destin chamboulé: en 1989, le jeune couple décide de s’installer dans la région d’origine de cette dernière, à Saint-Julien-en-Genevois, à quelques kilomètres de la frontière suisse.

Diego Mathier à nouveau vigneron suisse de l’année

Le producteur de Salquenen a remporté le titre suprême du Grand Prix du vin suisse pour la troisième fois après 2007 et 2011.

Diego Mathier a reçu jeudi soir le titre envié de vigneron de l’année lors du Gala du Grand Prix des vins suisses à Berne. Un honneur que le patron de la cave Nouveau Salquenen avait déjà connu en 2007 et en 2011. Cette année, il a dominé de la tête et des épaules les catégories assemblages en remportant la 1ère et 3ième place dans les blancs ainsi que les deux premières marches du podium pour les rouges. Une performance inédite encore renforcée par le gain du prix Vinissimo blanc (meilleur vin blanc du concours).

Continuer la lecture de « Diego Mathier à nouveau vigneron suisse de l’année »

Changins, pépinière de talents

Fils de vignerons célèbres, Louis Trapet et Pierre-Emile Humbrecht ont choisi la Suisse pour étudier la viticulture et l’œnologie avant de retourner travailler au domaine familial. Rencontre

Avec leurs longues silhouettes et leurs rires sonores, impossible de les rater. Dans les couloirs de l’Ecole d’ingénieurs de Changins, près de Nyon, l’Alsacien Pierre-Emile Humbrecht et le Bourguignon Louis Trapet font la paire. Une complicité nourrie de nombreux points communs: ils sont tous deux fils de vignerons célèbres convertis de longue date à la biodynamie. Ils ont décidé de faire leurs études de viticulture et d’œnologie en Suisse. Colocataires à Gex, ils finiront tous deux leur cursus le 11 septembre avec la présentation de leur travail de bachelor. «On a beaucoup aimé étudier ici, mais il est temps de passer à autre chose», précise le premier avec appétit.

Paolo de Marchi, le maître du sangiovese

Le propriétaire du domaine Isole e Olena a lancé en 1980 le Cepparello, un supertoscan composé exclusivement de sangiovese. Un cépage autochtone qu’il a largement participé à relancer. Rencontre.

Pour Paolo Basso, meilleur sommelier du monde, cela ne fait pas un pli: le Cepparello du domaine Isole e Olena est le meilleur sangiovese d’Italie, devant les aristocratiques Brunello di Montalcino. Pour en avoir le cœur net, j’ai fait un crochet cet été par Barberino Val d’Elsa, la commune du Chianti Classico où est situé le domaine.

Il faut emprunter un chemin de terre, une spécialité toscane, pour atteindre les hameaux d’Isole et Olena et leurs maisons perdues dans les vignes qui ondulent dans le vent. C’est dans ce décor de carte postale, tout à l’ouest du Chanti, que Paolo de Marchi s’est installé en 1976, reprenant le domaine des mains de son père, originaire du Piémont. En quelques années, le jeune vigneron a complètement repensé la production du domaine familial. « A l’époque, il fallait assembler du trebbiano et de la malvasia, des cépages blancs, avec le sangiovese pour avoir droit à l’AOC Chanti, précise-t-il. Avec les rendements élevés de l’époque, les vins étaient de qualité très, très moyenne. »
Continuer la lecture de « Paolo de Marchi, le maître du sangiovese »

Ivo Monti, de la marine marchande au sommet des vins suisses

Le Tessinois est le dixième vigneron retenu par Gault-Millau comme « icône » du vin suisse. Portrait.

C’est devenu une tradition: chaque année Gault-Millau consacre une « icône » du vin suisse. Cette semaine, c’est Ivo Monti, de Cademario (TI), qui a obtenu cet honneur. Il est le dixième sur la liste après Daniel et Martha Gantenbein, Feliciano Gialdi, Marie-Thérèse Chappaz, Louis-Philippe Bovard, Jean-Pierre Pellegrin, Jacques Tatasciore, Axel & Jean-Francois Maye, Christian Zündel et Thomas Donatsch.

Continuer la lecture de « Ivo Monti, de la marine marchande au sommet des vins suisses »