Ambassadeur des Domaines Blanc 2016, Nouveau Salquenen AG

Diego Mathier a écrasé le Grand Prix des vins suisses 2018, démontrant une nouvelle fois son art de l’assemblage.

En novembre 2011, Le Temps publiait un portrait de Diego Mathier titré «L’ogre du vin suisse». L’image colle toujours parfaitement à la peau du vigneron de Salquenen: il n’a pas perdu son appétit légendaire, bien au contraire.Déjà titré meilleur vigneron de Suisse en 2007 et 2011, il a de nouveau remporté le titre suprême du Grand Prix du vin suisse en octobre 2018. Un triplé acquis grâce à une domination inédite: le polyglotte diplômé de la HEC Saint-Gall est monté à huit reprises sur le podium, remportant trois catégories (autres cépages blancs purs, assemblage blanc et assemblage rouge), le Prix du meilleur pointage du concours et en plaçant plusieurs vins aux 2e et 3e places.

Les Cailloutis 2016, domaine des Landions

Diplômé HEC et œnologue, Morgan Meier produit des pinots noirs de haute couture

En un peu plus de trois ans, Morgan Meier s’est fait un nom dans le petit monde des vins suisses. Avec une identité très forte qu’il doit à une production entièrement dédiée au pinot noir. Un cépage qui fait partie de l’ADN du Neuchâtelois de 29 ans, diplômé HEC puis formé à l’œnologie à Dijon. Son père, Denis, ingénieur agronome et pépiniériste, a sélectionné pendant deux décennies les clones les plus qualitatifs sur le domaine familial de 25 hectares. Il vendait le raisin, ce que son fils continue à faire pour les trois quarts de la production.

La spectaculaire revanche du rosé

Longtemps décrié, le vin à la robe saumonée connaît un succès sans précédent, dopé par l’intérêt du marché américain. La Provence, qui lui dédie la quasi-totalité de son vignoble, profite de cet engouement avec des prix qui ne cessent de grimper

C’est une lame de fond couleur saumon qui emporte tout sur son passage, bousculant les codes du marché viticole. Longtemps méprisé, confiné à l’apéro et aux grillades estivales, le vin rosé jouit d’une cote de popularité inédite, portée par la forte croissance de ses ventes sur le marché américain. En 2018, l’AOC Côtes-de-Provence, la référence mondiale en la matière, a exporté 37% de sa production contre seulement 7% en 2010. Les exportations ont aussi crû en valeur, avec une hausse de 715% (!). Un succès ahurissant pour une région qui consacre 90% de ses 20 000 hectares de vignes à la production de rosé.

Partout, ce qui a longtemps été considéré comme un petit vin de soif gagne des parts de marché. C’est le cas aux Etats-Unis, où la tendance s’accentue année après année, mais aussi en France, à la fois plus grand producteur et plus grand consommateur de rosé. Plus de 30% de la production nationale, contre 10% il y a vingt ans, est désormais imputable au rosé. Un développement spectaculaire qui touche le sud du pays, mais aussi les autres régions viticoles. La vague a même atteint la très aristocratique Champagne, où les ventes de bulles à la couleur rosée ont doublé en dix ans.

Quand la Rioja s’inspire de la Bourgogne

La région viticole espagnole vient de créer le label Viñedos Singulares pour consacrer la singularité de ses meilleurs terroirs. Une petite révolution pour l’appellation de tradition née en 1926.

Les Helvètes adorent le rioja – la Suisse est le quatrième marché pour l’appellation espagnole. Mais ils l’achètent avant tout en supermarché, souvent à prix réduit. Il est extrêmement rare de trouver des références sur la carte des grandes tables aux côtés des bordeaux, bourgognes et autres barolos. La démonstration que l’appellation crée en 1926 peine à enclencher la machine à rêve parmi les amateurs de vins de prestige.

Les choses sont en train de changer. Depuis une dizaine d’années, le rioja se réinvente en s’émancipant de la classification historique basée sur le temps d’élevage du vin. Il y a les vins jeunes (Joven), fruités et frais, les seuls à ne pas connaître un élevage en fût de chêne; les Crianza, qui passent un an en barrique et un an en bouteille avant d’être vendus; les Reserva, élevés au minimum trois ans, dont une année sous bois; et enfin les Gran Reserva, vieillis au minimum deux ans en fût et deux ans en bouteille.

Au coeur de Genève, les merveilles de la Corne à vin

Jean-Pierre Pellegrin et son épouse ont réalisé un important projet immobilier à proximité de la gare Cornavin. Au sous-sol, le vigneron genevois dispose d’un écrin dans lequel il élève ses têtes de cuvée. Visite guidée et dégustation.

C’est un lieu magique, que l’on n’imagine guère situé au cœur de Genève. Et pourtant: le vigneron de Satigny Jean-Pierre Pellegrin et son épouse Patricia Cottier Pellegrin ont développé un projet immobilier hors normes à 500 mètres de la gare Cornavin. Situé dans une petite cour intérieure au 47 bis de la rue de Lausanne, le bâtiment abrite le dépôt et les bureaux de la société de Patricia, Cotfer SA. Il a été surélevé de sept étages pour accueillir des appartements. Durant le chantier, des caves voûtées en pierres naturelles ont été découvertes au sous-sol. Elles ont été réhabilitées après d’importants travaux d’excavation. Le résultat est impressionnant, magnifié par un éclairage savamment étudié.   

Jean-Pierre Pellegrin
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Coup de jeune à la Maison Wenger

Jérémy Desbraux a imposé son style au Noirmont, avec le soutien d’une brigade juvénile, dont plusieurs transfuges de l’Hôtel de Ville de Crissier. Et a d’emblée posé la barre très haut.

Imposer son style sans rien révolutionner. C’est le défi de Jérémy Desbraux depuis qu’il a repris la Maison Wenger, le 15 janvier dernier. Il savait qu’il ne recevait pas les clés d’une auberge de campagne, mais d’une véritable institution de l’Arc jurassien. En trente-sept ans d’un travail de bénédictins, Andrea et Georges Wenger sont parvenus à positionner Le Noirmont sur la carte de la haute gastronomie helvétique, avec deux étoiles Michelin et 18/20 au GaultMillau. Des notations que le restaurant a perdues avec le changement de chef. «C’est normal, je n’ai jamais travaillé avec Monsieur Wenger», souligne le jeune et longiligne chef de 32 ans.

Ancien second de Franck Giovaninni à Crissier, Jérémy Desbraux souhaite bien sûr retrouver les faveurs des critiques spécialisés. «Mon objectif est que les clients qui viennent ici soient contents et que le restaurant soit rempli, précise-t-il. Bien sûr, la reconnaissance des guides constitue un plus pour y parvenir, surtout quand on est un peu excentré. Mais ce n’est pas une obsession.»

Bernard Bosseau, au bonheur des bulles

Arrivé à Genève il y a vingt ans, le vigneron d’origine nantaise a commencé à vinifier des vins effervescents par hasard. Ils sont devenus des références et sa marque de fabrique.

Avec son éternelle marinière, Bernard Bosseau revendique ses origines atlantiques. Pourtant, c’est à Genève que ce Nantais d’origine a fait son trou, s’imposant en vingt ans comme une figure incontournable de la viticulture locale. Une sacrée réussite pour ce fils de vigneron qui n’a jamais envisagé reprendre le domaine familial. «Mon père est du type patriarche, je me suis très vite dit qu’on allait avoir du mal à s’entendre», raconte-t-il avec un regard de défi.

La trajectoire de l’artisan à la carrure imposante est constellée de ce qu’il appelle des «coups du destin». Le premier a lieu pendant ses études en viti-œno à Bordeaux quand il rencontre celle qui va devenir sa femme. Coup de foudre et destin chamboulé: en 1989, le jeune couple décide de s’installer dans la région d’origine de cette dernière, à Saint-Julien-en-Genevois, à quelques kilomètres de la frontière suisse.

Electus se repositionne comme un vin ethnique

Sous la houlette de l’œnologue Damien Caruzzo, le premier vin « icône suisse » est désormais composé quasi exclusivement de cépages autochtones. Un changement de cap qui doit lui permettre de trouver une ligne plus cohérente.

Electus, premier vin « icône suisse » lancé par Provins en septembre 2013, se repositionne. Après plusieurs hésitations sur sa politique de prix, c’est la composition de l’assemblage qui connaît un changement de cap. Sous la houlette de Damien Caruzzo, désormais seul aux commandes, les millésimes 2016 et 2017 (non encore commercialisés) sont composés quasi exclusivement de cépages autochtones. « Ma volonté est de baisser la proportion de cépages bordelais pour donner à Electus un profil plus fruité et élégant », souligne l’œnologue valaisan sous le regard approbateur de Raphaël Garcia, directeur général de Provins.

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Le champagne, le vin de tous les miracles

Les crus produits au nord de la France doivent leur succès à la domestication de la bulle dès la fin du XVIIe siècle. Retour sur une épopée humaine et commerciale

Ses fines bulles sont devenues synonymes de fête et de célébration, omniprésentes quand il s’agit de marquer les grandes occasions. Le miracle du champagne ne s’arrête pas à sa notoriété universelle. C’est aussi celui d’une région qui a su dépasser ses handicaps pour les transformer en atouts. Produits à la limite septentrionale de la culture de la vigne, les vins tranquilles des origines, acides et tranchants, auraient eu beaucoup de mal à surnager dans le marché globalisé du XXIe siècle. C’est le même climat frais qui, paradoxalement, a permis la naissance de l’effervescence puis sa domestication. Une innovation qui ne doit rien à Dom Pérignon, légende nourrie par un art consommé du storytelling. On y reviendra.

Des bulles et de l’écume

Les blanc de blancs accompagnent parfaitement les plats de fruits de mer et les poissons. Ma sélection de six cuvées coup de cœur.

Le champagne est multiple, protéiforme, prêt à affronter tous les défis. Traditionnellement issu d’un assemblage entre le pinot noir et le pinot meunier, à peau noire, et le chardonnay, à peau blanche, il se décline aussi en monocépage. Lorsqu’il est tiré du seul chardonnay, où d’autres cépages blancs plus rares, on parle de blanc de blancs. Il s’agit alors d’un vin friand à la bulle fine et aérienne. Parfait à l’apéritif, il accompagne aussi très bien les coquillages, crustacés et autres plats de poisson. Sélection de six cuvées éclectiques produites par des vignerons indépendants et de grandes maisons.