On craque pour…. un grand chasselas de terroir

Le chasselas de la famille Neyroud-Fonjallaz a gagné le titre de meilleur chasselas 2022 au Grand prix des vins suisses.

C’est un gage d’excellence. Déjà vainqueurs de la catégorie chasselas du Grand Prix des vins suisses en 2021 avec le Chardonne Chardon d’Argent 2020, Jean-François Neyroud-Fonjallaz et son fils Basile ont remis ça cette année avec leur Calamin 2021. Une victoire obtenue devant le Bouton d’or 2021 de l’Union vinicole de Cully et le Grand Cru Luins 2021 du domaine Le Petit Cottens à Begnins. Un tiercé qui confirme que le cépage originaire des bords du Léman reste avant tout une spécialité vaudoise.  

On craque pour… un chardonnay à l’accent bourguignon

A déguster, un blanc de grande classe de la Cave Alain Gerber à Hauterive.

Au domaine Gerber, à Hauterive, Alain représente la 3e génération de la famille, après Albert et André. Un triple A garant d’une grande qualité, si l’on se réfère aux cotations émises par les agences de notation financière. C’est exactement la ligne définie par le petit-fils depuis qu’il a repris le domaine de 8 hectares, en 1998: il s’est imposé comme une référence incontournable du vignoble neuchâtelois. 

On craque pour… une syrah valaisanne novatrice

A déguster, une syrah de la Cave des Bernunes à Sierre, vinifiée par Nicolas Zufferey.

Faut-il abandonner le liège, à l’origine du tristement célèbre goût de bouchon, et adopter des capsules à vis pour la fermeture des bouteilles de vin? La question suscite ponctuellement le débat dans le milieu viticole. En dehors du chasselas et de vins destinés à une consommation rapide, la pratique reste marginale en Suisse et dans les pays latins, alors qu’elle est répandue en Autriche, en Allemagne et en Australie. 

«Buvez local»: l’appel à l’aide des vignerons suisses

Baisse de la consommation, forte concurrence étrangère, promotion insuffisante: le vignoble suisse est confronté à d’importants vents contraires. La Confédération appelée à la rescousse.

Imaginez un produit de moins en moins consommé, plus cher que la concurrence et qui manque de notoriété en raison d’une promotion insuffisante: dans un marché globalisé, il y a de quoi craindre pour son avenir. C’est le cas du vin suisse, confronté depuis deux décennies à une importante crise structurelle.

Elle a encore été aggravée en 2020 par la pandémie de Covid-19 et en 2021 par un millésime cataclysmique. Les conditions météo difficiles ont entraîné «la pire vendange depuis 1957», selon le rapport de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG): 61 millions de litres ont été récoltés, contre une moyenne de 95 ces dix dernières années.

On craque pour … une gourmandise de blanc nature

Chez les Cruchon, l’idée de produire un vin nature s’est imposée naturellement avec la transition progressive des 32 hectares du domaine en biodynamie. 

C’est un vin coup de cœur et un des premiers «natures» à avoir été produit en Suisse romande. Depuis le millésime 2014, Raoul Cruchon et sa fille Catherine vinifient une altesse sans sulfites ajoutés qui séduit par son profil gourmand.

 Le vigneron et la vigneronne d’Echichens (VD) n’ont pas choisi le cépage blanc originaire de Savoie par hasard : son acidité et son corps généreux lui permettent de bien vieillir et d’être particulièrement bien adapté aux risques inhérents à une vinification sans soufre. 

Le vin «nature», défi ultime du vigneron

Les vins sans soufre ajoutés ont le vent en poupe. En Suisse, ils disposent enfin d’un cahier des charges dédié, initié par le Vaudois Frank Siffert.

Vins «nature», «naturels» ou encore «vivants»: depuis quelques années, ces adjectifs fleurissent sur la devanture des vinothèques et sur les cartes de restaurants branchés des centres urbains.  Ils constituent une tendance en vogue qui s’inscrit dans la volonté de plus en plus de vignerons de travailler sans produits de synthèse, à la vigne comme à la cave. Un mouvement qui répond à la demande croissante des consommateurs pour des vins produits dans le respect de l’environnement, «le plus naturellement possible». 

La notion de vin nature est au cœur de débats animés dans les carnotzets. Pour ses défenseurs, l’utilisation de raisins certifiés biologiques ou biodynamiques et l’interdiction de tout intrant chimique lors des vinifications, sulfites compris permet d’obtenir des vin plus «authentiques», «plus proches du raisin».

Pour les autres, soit la grande majorité des vignerons, la philosophie de l’interventionnisme minimal est un leurre. Ils soulignent que la qualité moyenne des vins s’est considérablement améliorée avec l’avènement de l’œnologie moderne et que le seul vin vraiment «naturel» – certifié sans intervention humaine – reste le vinaigre.   

On craque pour… un pinot noir parcellaire de haut niveau

Retenue par la Mémoire des vins suisses, la cuvée les Argiles du Châteaux d’Auvernier séduit par sa structure tanique délicate.

A Neuchâtel, les cuvées parcellaires de pinot noir se multiplient depuis quelques années, ce qui permet de valoriser au mieux le grand potentiel du cépage bourguignon dans la région. Plus important encavage du canton (63 ha), le Château d’Auvernier a fait le pas avec le millésime 2014. Thierry Grosjean, son fils Henri et son gendre Yann Van Vlanderen ont sélectionné deux parcelles identifiées de longue date comme très qualitatives pour les vinifier séparément: les Argiles et les Grand’Vignes.

On craque pour… une marsanne à oublier en cave

Membre de la Mémoire des vins suisses, le vin de la famille Besse a la capacité de traverser le temps.

Les vins rouges sont souvent perçus comme les seuls à se bonifier avec le temps. L’expérience montre que de nombreux vins blancs gagnent pourtant à mûrir en cave. C’est notamment le cas de la marsanne, cépage rhodanien que les Valaisans nomment Ermitage. Après quelques années de bouteille, ce vin puissant à la faible acidité donne souvent toute sa mesure. C’est le cas de l’Ermitage vieilles-vignes de la famille Besse, à Martigny, membre de la Mémoire des vins suisses depuis 2006.

Ils font vieillir des vins suisses depuis 18 ans, un vrai «trésor»

En 2004, l’association Mémoire des vins suisses s’est fixé comme objectif de démontrer le potentiel de garde des meilleurs crus du pays. Nous avons rencontré la nouvelle génération qui reprend ce défi à son compte.

C’est un constat partagé dans toutes les régions viticoles: les grands vins se reconnaissent à leur faculté à traverser le temps. La mise en avant des meilleurs millésimes, particulièrement aptes à la garde, fait ainsi partie de l’identité des vins de Bordeaux. Le prix des grands crus classés issus des années bénies 1961, 1989 ou 2000 atteignent des niveaux stratosphériques, bien supérieurs à ceux des millésimes récents.

En Suisse, la valorisation des vins de garde a très longtemps été inexistante. Il faut dire que la Dôle valaisanne, le pinot noir neuchâtelois ou le chasselas vaudois étaient systématiquement vinifiés pour être bus dans l’année. C’est d’ailleurs encore souvent le cas: les vignerons peinent à vendre autre chose que leur dernier millésime. C’est ce constat qui est à l’origine de la création de l’association Mémoire des vins suisses (MDVS), en 2004

Le vin du Glacier, une épopée montagnarde

Une soixantaine de producteurs privés en possèdent au moins un tonneau. Elevé à plus de 1200 mètres d’altitude, il reste l’un des ferments de l’identité du val d’Anniviers

On dit que les grands vins se reconnaissent à leur faculté de traverser le temps. Le vin du Glacier répond parfaitement à cette définition. Né il y a plusieurs siècles de la transhumance des paysans entre Sierre et le val d’Anniviers, ce vin oxydatif vinifié selon le principe de la solera (ou réserve perpétuelle, avec addition de plusieurs millésimes) représente une tradition encore bien vivante. C’est ce que démontre un livre récent que lui a dédié l’expert en vin Dominique Fornage, avec le précieux soutien de Charly Zufferey, photographe amateur, et d’Alain Zuber, lui-même propriétaire de deux tonneaux de Glacier.

Cette monographie de plus de 200 pages offre une cartographie très précise de ce patrimoine liquide. Avec une surprise de taille, même pour les Anniviards: outre une quinzaine de bourgeoisies et de sociétés de tir, les auteurs ont recensé une soixantaine de propriétaires privés possédant le plus souvent un seul tonneau, comme le cuisinier de Sierre Didier de Courten. «Nous avons été étonnés d’avoir un nombre aussi élevé de privés, souligne Alain Zuber. La plupart ne se connaissaient pas.»