En 1872, le naufrage d’un trois-mâts français en mer de Java engloutit une cargaison d’absinthe du Val-de-Travers destinée à la Cochinchine. Repêché en 1991 par des chasseurs de trésor, un des flacons est la vedette de l’exposition «Une bouteille à la mer» à la Maison de l’absinthe de Môtiers.
Malgré son grand âge, elle a gardé ses courbes parfaites. Sur le verre soufflé couleur olive, des taches blanches témoignent de son immersion pendant cent vingt ans dans les eaux tièdes de la mer de Java. A la base du col, un sceau gravé en creux attire l’œil: «E. Pernod, Couvet». Un indice qui ne trompe pas: il s’agit d’un ancien flacon d’absinthe du Val-de-Travers, vedette de l’exposition Une bouteille à la mer organisée par la Maison de l’absinthe, à Môtiers (NE).
Une bouteille malheureusement délestée de son contenu à la suite du naufrage du Marie-Thérèse, bateau parti de Bordeaux en novembre 1871 les cales pleines de marchandises. Elle reste néanmoins un témoin précieux de son époque, rappelant que l’absinthe était un alcool en vogue au XIXe siècle. Ce n’était plus le cas quand elle a été remontée à la surface par des chasseurs de trésors en 1991: la fée verte était devenue une boisson clandestine à la suite de son interdiction en Suisse en 1910, puis en France en 1915. Avec le même soupçon des deux côtés de la frontière: sa consommation «rend fou».