Une soixantaine de producteurs privés en possèdent au moins un tonneau. Elevé à plus de 1200 mètres d’altitude, il reste l’un des ferments de l’identité du val d’Anniviers
On dit que les grands vins se reconnaissent à leur faculté de traverser le temps. Le vin du Glacier répond parfaitement à cette définition. Né il y a plusieurs siècles de la transhumance des paysans entre Sierre et le val d’Anniviers, ce vin oxydatif vinifié selon le principe de la solera (ou réserve perpétuelle, avec addition de plusieurs millésimes) représente une tradition encore bien vivante. C’est ce que démontre un livre récent que lui a dédié l’expert en vin Dominique Fornage, avec le précieux soutien de Charly Zufferey, photographe amateur, et d’Alain Zuber, lui-même propriétaire de deux tonneaux de Glacier.
Cette monographie de plus de 200 pages offre une cartographie très précise de ce patrimoine liquide. Avec une surprise de taille, même pour les Anniviards: outre une quinzaine de bourgeoisies et de sociétés de tir, les auteurs ont recensé une soixantaine de propriétaires privés possédant le plus souvent un seul tonneau, comme le cuisinier de Sierre Didier de Courten. «Nous avons été étonnés d’avoir un nombre aussi élevé de privés, souligne Alain Zuber. La plupart ne se connaissaient pas.»